J'aime bien quand les lectures vont vite, quand la notion de temps disparaît au profit d'une fiction, du divertissement... sans aucun problème de concentration.
Dans les veines ce fleuve d'argent, Franceschini y raconte l'histoire de Primo (si, si, c'est l'ainé...) qui se décide à repartir sur les traces de son enfance, à la recherche d'un camarade de classe Massimo, devenu pêcheur d'esturgeon. Bien évidemment, il nous emmène sur les pas de la nostalgie enfantine, de quitter pour un temps son quotidien et se concentrer sur une quête personnelle... Le fleuve qu'il longe, le Pô, est capricieux. Les rencontres que Primo fera sont toutes liées a ce fleuve qui les nourrit, les fait travailler, s'insinue dans leurs rêves... en devient mythique mais surtout devient le centre de gravité du roman.
La métaphore de la quête de Primo et du fleuve est des plus évidente, mais la ou Franceschini étonne c'est qu'il adapte son ecriture au rythme du fleuve. Doux, amer, puis soudainement en colère, impétueux. L'intrigue, plutôt naive, est ammenée au rythme du fleuve et le choix des mots suit le même procédé: champ lexical de la douceur, du pittoresque, du beau... jusqu'à la colère du fleuve ou les mots éclatent.
La narration est fluide, simple, le changement entre le passé et le present se fait en glissant. Agréable.
"Il avait toujours confondu le silence avec le froid. Pendant les nuits moites d'été, il regardait les lèvres de Marie qui bougeaient, sans un bruit, au rythme des mots de son livre et il commencer à trembler sous les draps rèches de coton blanc."Tu me fais mélanger les lignes" disait Marie, en feuilletant les pages qui la séparaient de la fin. Puis elle se remettait à lire à voix basse et Primo réchauffé par le bruit des paroles de sa femme, pouvait glisser dans ses rêves couleur rouille."
Dario Franceschini, Dans les veines ce fleuve d'argent, L'Arpenteur / Gallimard