24/06/2009

Green and Gold

Vendredi, je suis allée voir Christopher Willits. C'était dans une galerie, qui proposait workshop, performance audiovisuelle... pour un public très elitiste. La hype berlinoise se réduirait-elle à 35 personnes?

La difficulté posée par ce genre de concert, mini-symphonie pour ordinateur, c’est de partir à leur découverte l’oreille vierge ou du moins pris de curiosité et non la tête farcie de concepts abstraits scientifico-philoso-artistiques. Mais les dispositifs développés par le Californien, ne sont pas inintelligibles. Ceux-ci pourraient passer, presque, inaperçus lors d’une écoute distraite. Les formats épousent les standards radiophoniques traditionnels et poussent le minimalisme du côté de la pop électronique... Une pop en apnée, proche de l’ambient, bref de l'architecture sonore.

Déjà auteur de 4 albums, auxquels il faut ajouter une poignée de collaborations à visage plus ou moins découvert aux côtés de Kid 606, Matmos ou Brad Laner (ex Medicine) - cet ancien élève de Fred Frith et de Pauline Oliveros - serait à placer dans le prolongement des travaux d’électroniciens aussi insaisissables tels Fennesz, Sakamoto...

Sa matière première sonore est entièrement constituée de samples (voix, guitares, cordes...), de rythmiques synthétiques et des manipulations qui la réorganisent en profondeur. Il crée un matériau émotionnel, légèrement impur (craquements...) dominé d’une douce tristesse mais réel sentiment de spontanéité; plutôt inhabituel dans ces contrées ou la manipulation de la structuration du son est reine. Qu’elles soient chantées, murmurées ou simplement méditatives, les voix se partagent une structure floconneuse. Le duo de voix Homme/Femme crée la connection avec l'esthétique du shoegaze mais offre une ouverture plus ensoleillée. Avec pour conséquences, des effets plus ou moins contrastés. De loin, on croît déceler des blocs sonores entiers de trois minutes et de tout près il ne reste plus que des confettis de sons.... Un chef d’œuvre de l’impressionnisme?
Surnommé "Le Picasso du Son" (Tokafi Magazine), Willits défie les distinctions de genre. Surf Boundaries, son dernier album, est sorti en 2006 sur Ghostly International.Un nouvel album est prévu pour Octobre.