Il ne m'aura fallu que quelques heures pour lire le dernier Kureishi. Attendu comme le messie lors de la rentrée littéraire 2008.
Résumé: Jamal Khan, le héros est un psychanalyste londonien d’origine anglo-pakistanaise. "Plus si jeune et pas si vieux" sa femme est partie, la femme de son meilleur ami aussi. Lui est resté avec son fils de 12 ans et sa gouvernante. Toute la journée, il écoute les autres allongés sur son divan et prend des notes. Mais lui, qui l’écoute? Un psy qui a des problèmes?
Il fait ressurgir son grand amour de jeunesse, mais aussi le fantôme du père de son amie, qu’il avait tué parce qu’il abusait d’elle. Un geste accidentel qu’une vie ne suffit pas à oublier. Ce n'est pas ce secret qui le perturbe au début de l'intrigue (même s'il en devient l'axe central par la suite). C'est plutôt la soudaine passion qu'éprouve son meilleur ami pour sa soeur Miriam. Témoin involontaire de cette relation, le psychanalyste narre ses souvenirs de jeunesse dans l’Angleterre des années 1970, puis des luttes contre Thatcher aux railleries sur Blair et son implication en Irak, plongé dans une société surconsommatrice hantée par la peur de l’extrémisme. Sa part d’ombre, c’est finalement au lecteur qu’il la dévoile, ponctuant son récit de références à ces époques que sa mémoire fait ressurgir.
Il n’y a pas de happy end à ces histoires croisées, avec ces multiples personnages, tout est cohérent avec la réalité de l’existence.
On pourrait être dérouté par ce nouveau roman, plus ambitieux, mais l'humour sauve le narrateur vieilli en quête de rédemption. Au fond, on sent bien qu’un psychanalyste fils d’immigré trouve plutôt cool de se retrouver dans une soirée après un concert des Stones, et d’y discuter somnifères et écoles privées avec Mick Jagger...
Et puis un psychanalyste qui devient supporter, à vie, de Manchester United parce qu’Eric Cantona est en cure chez un lacanien, c'est top!
Hanif Kureishi, Quelque chose à te dire, Bourgois.